Ali Daoudi : « L’importation d’un million de têtes ovines aura un impact positif sur les prix »

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Dimanche, lors de la réunion du Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a approuvé l’importation d’un million de têtes de bétail en prévision de l’Aïd al-Adha. Cette décision vise à répondre à la demande du marché local et à stabiliser les prix à l’approche de cette fête religieuse. 

« Ces opérations d’importation seront exonérées de tous les droits et taxes, ce qui rendra leurs prix accessibles à nos concitoyens », précise le communiqué du Conseil des ministres, faisant savoir que « les offres de trois pays répondant au cahier des charges algérien, notamment en ce qui concerne les exigences sanitaires relatives au bétail destiné au sacrifice, ont été acceptées. »

Ce lundi, le professeur Ali Daoudi, de l’Ecole nationale supérieure d’agronomie, a indiqué que « la décision d’importer un million de têtes ovines va certainement apporter un impact positif sur les prix et donc sur l’accessibilité du consommateur ». Il précise cependant que cet impact sera « relativement limité » sur la filière et sa production. En effet, « ce cheptel est destiné essentiellement pour l’abattage pendant la fête de l’Aid ». Cela pourrait alléger la pression sur le cheptel national, notamment la demande sur les femelles.

Ces femelles représentent le cœur de la production ovine. Lors de son passage sur la radio chaîne 3, M. Daoudi a souligné un paradoxe : « les éleveurs décapitalisent la production en sacrifiant les brebis ». Cette situation est liée à la nécessité de « maintenir une taille réduite du volume du cheptel ovin », car les éleveurs manquent de fourrages.

Il rappelle que « l’élevage algérien est en grande partie pastoral, c’est-à-dire suivant des parcours steppiques sur les hauts plateaux, dont l’alimentation dépend essentiellement des espaces fourragères ». Actuellement, « ces fourrages sont affectés par une sécheresse accrue et donc une raréfaction de l’alimentation au niveau des parcours steppiques des cheptels qui se trouvent dans un état gravement dégradé ».

Dans ce contexte, « les éleveurs réduisent leurs cheptels en sacrifiant des femelles pour une ou deux ans afin de réduire la production ». La décision d’importer un million de têtes vise donc à agir sur plusieurs aspects : diminuer les prix, réduire la pression sur le cheptel local et préserver les femelles. « Ils décapitent les brebis parce qu’ils ne peuvent pas entretenir leurs troupeaux en matière d’alimentation », regrette-t-il.

Pour accompagner les éleveurs, l’État a proposé un soutien sous forme d’orge et d’autres denrées, notamment du blé. « L’apport de l’orge soutient les éleveurs et permet de maintenir les effectifs des femelles reproductrices pendant les périodes de sècheresse qui ont dégradé les parcours fourragers se trouvant en état quasi dégradé, aggravé par la pression du cheptel sur ces steppes », explique encore le professeur.

Il constate par ailleurs que « le cheptel national est, en tous cas, dans une période de décapitalisation prolongée et l’élevage pastoral qui était le plus important de la filière est en baisse, voire en crise ». Il ajoute que « puisque l’élevage traditionnel ne fonctionne plus, vu que la steppe est dégradée, il faut donc penser à un modèle alternatif qui n’a pas émergé parce qu’il n’y a plus d’alimentation facile. Aujourd’hui, il faut réformer complètement ce système pour préserver les ressources, à la fois, pastorales mais aussi la filière rouge ».

Concernant les prix, l’importation devrait agir sur le marché où les tarifs restent partagés entre un prix administré et un prix libre. « Si le prix fixé sur le mouton importé sera faible, il y aura un effet rebond sur la demande », affirme-t-il. Selon lui, des ménages qui ne sacrifient pas habituellement pourraient cette fois acheter, ce qui ferait baisser, dans une certaine mesure, les prix du mouton national.

Pour soutenir cette approche, M. Daoudi suggère d’importer à partir de pays du Sud comme le Mali et le Niger. « Il y a un grand potentiel de production ovine permettant une intégration autour des filières de viandes rouges notamment que les pays du Sahel ont un énorme potentiel en substance. On peut aller dans cette piste de complémentarité entre nos deux économies régionales qui soulagerait cette période qui connait une forte demande de viande ovine du marché national », propose-t-il.

Enfin, il insiste sur la nécessité de bien préparer ces échanges : « on peut élargir l’échange mais cela se prépare car il faut mettre en conformité les mécanismes de santé animale pour s’assurer que ces animaux importés sont sains et envisager des systèmes d’abatage au Mali, par exemple, pour l’importation des carcasses ».

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