Lors de l’inauguration de la Foire de la production nationale (FPA), jeudi 18 décembre à Alger, le président de la République Abdelmadjid Tebboune est revenu sur plusieurs dossiers économiques, notamment la récupération des fonds détournés par d’anciens oligarques, la spéculation sur les produits subventionnés et l’accès de l’acier algérien au marché européen.
Au stand de la holding publique Agrodiv, le chef de l’État a rappelé que le pays devait tourner la page des détournements et de la surfacturation. Après « la catastrophe vécue par le pays, les détournements et la surfacturation », il a insisté sur la nécessité de « récupérer l’argent de l’État ». À ce sujet, il a précisé que « pour l’argent caché aux Îles Vierges ou ailleurs, son jour viendra », ajoutant que « en tout cas, pour les choses qui sont apparentes, ça permettra au Trésor public de récupérer une partie des milliers de milliards de dinars. »
Une partie de ces fonds a déjà été récupérée sous forme d’actifs économiques confisqués par la justice. Plusieurs entreprises appartenant à d’anciens hommes d’affaires condamnés ont été reprises par des holdings publiques. C’est le cas d’Agrodiv, active dans l’agroalimentaire, qui a repris 37 unités, dont 35 fonctionnent actuellement à pleine capacité. Selon les responsables du groupe, les emplois existants ont été maintenus, de nouveaux recrutements ont été effectués et des opérations de mise à niveau ont été engagées. Agrodiv emploie aujourd’hui 2 234 personnes.
Le président Tebboune a estimé qu’après une période de « nonchalance », il y a désormais « un nouveau souffle » et a tenu à « rendre à César ce qui appartient à César ». Il a souligné le rôle joué par le Premier ministre Sifi Ghrieb, affirmant que « Le Premier ministre, depuis qu’il était ministre de l’Industrie, c’est lui qui a récupéré la majorité des entreprises ».
Lutte contre la spéculation
Lors de cette même visite, le chef de l’État a également abordé la question de la spéculation sur les produits alimentaires subventionnés, qu’il considère comme un lourd fardeau pour les finances publiques. À propos des spéculateurs, il a averti que « La justice les attend ».
Au stand du groupe public Giplait, le président Tebboune a exprimé sa « colère » face aux pratiques liées au lait subventionné. Il a expliqué que l’État a investi dans la construction d’une grande usine à Alger afin d’injecter un million de litres supplémentaires par jour sur le marché, dans le but de mettre fin à la spéculation.
« Aujourd’hui, nous savons que la spéculation n’est pas due à la pénurie, elle est parasitaire », a-t-il déclaré, dénonçant des pratiques consistant à vendre une partie du lait dans les quartiers et à détourner le reste, qui « part vers une autre destination, vendu sous la table au double de son prix ».
Le président Tebboune a mis en garde : « Ces gens-là, la justice les attend. Celui qui sera pris en train de faire de la spéculation sur les produits alimentaires subventionnés le regrettera toute sa vie ». Il a également rappelé à Giplait son rôle particulier, en affirmant : « Vous êtes plus qu’une société commerciale, vous avez une mission de service public. Je ne vous demande pas de travailler à perte, mais vous devez vous organiser (…) Vous devez jouer un rôle. Là où vous constatez un manque, vous inondez. Nous, on est là pour compenser ce qu’il y a à compenser ».
Selon les responsables du groupe, les 16 filiales de Giplait disposent d’une capacité de production de 7 millions de litres de lait par jour, couvrant 52 % de la demande nationale.
Accès de l’acier algérien au marché européen
La visite présidentielle a également permis d’aborder la question de l’accès de l’acier algérien au marché européen. Devant le stand du complexe algéro-turc Tosyali, implanté à Oran, la problématique des quotas imposés par l’Union européenne a été soulevée. L’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars, dont 1 milliard à l’exportation, avec un objectif de 1,5 milliard de dollars l’année prochaine, et exporte vers 25 pays.
Le représentant du complexe a expliqué : « Ils nous donnent des quotas de trois mois qu’on termine dans la première semaine », alors que « tous les pays de l’Union européenne souhaitent s’approvisionner à partir d’Oran ». En réponse, le président a déclaré : « Il faut revoir ça », en s’adressant au Premier ministre.
Abdelmadjid Tebboune a insisté sur le principe de réciprocité, rappelant qu’avec l’Union européenne, « on leur donne la préférence par rapport à d’autres pays, surtout que notre acier est d’excellente qualité ». Il a ajouté : « Ça, on va le voir avec l’Union européenne ».
Enfin, le chef de l’État a évoqué le projet d’exploitation du gisement de minerai de fer de Gara Djebilet, près de Tindouf. Le représentant de Tosyali a indiqué : « A Béchar, nous occupons le terrain, nous sommes en contact avec tous les clients potentiels et on a mis en place trois stratégies de vente du produit ».
Le président Tebboune a annoncé que « fin janvier le minerai sera à Oran« , ajoutant : « On compte sur vous parce qu’on vous considère comme une société algérienne ». Il a qualifié ce projet d’« historique », soulignant que, pour la première fois depuis l’indépendance, le minerai algérien sera transporté sur près de 2 000 kilomètres.





















