Soudan : « les atrocités commises par les FSR pourraient constituer des crimes de guerre »

Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a averti lundi que les atrocités commises par les Forces de soutien rapide (FSR) dans la ville d’El-Facher pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

« Ces atrocités s’inscrivent dans un contexte de violence plus large qui ravage toute la région du Darfour depuis avril 2023. De tels actes, s’ils sont avérés, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome », a déclaré dans un communiqué le bureau du procureur de la CPI, basé à La Haye.

Après dix-huit mois de siège, les FSR ont pris fin octobre le contrôle d’El-Facher, dernier bastion stratégique qui échappait encore à leur emprise dans la région du Darfour, à l’ouest du Soudan.

Depuis avril 2023, le conflit opposant les FSR à l’armée soudanaise a provoqué des milliers de morts et des millions de déplacés, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire, selon l’ONU.

La ministre d’Etat soudanaise au Bien-être social, Salma Ishaq, a indiqué que « les FSR, en conflit avec l’armée soudanaise depuis avril 2023, ont tué 300 femmes durant les deux premiers jours de leur entrée à El-Fashir ». Elle a ajouté que les victimes avaient été « soumises à des agressions sexuelles, des violences et des actes de torture ».

Elle a également affirmé que « toute personne quittant El-Fashir en direction de Tawila (au Darfour-Nord) court un risque, car la route El-Fasher–Tawila est devenue une véritable route de la mort ».

Et de préciser : « Des familles se trouvent encore à El-Fashir, où elles continuent de subir des enlèvements, des tortures, des humiliations et des violences sexuelles ».

La ministre a dénoncé « un nettoyage ethnique systématique, un crime majeur dont tout le monde se rend complice par son silence ».

Le 26 octobre, les FSR ont pris le contrôle d’El-Fashir et ont été accusées par plusieurs organisations locales et internationales d’avoir commis des massacres contre les civils. Des observateurs craignent que ces violences n’accentuent la division géographique du pays.

D’après les Nations unies et des sources locales, le conflit au Soudan a fait environ 20.000 morts et plus de 15 millions de déplacés internes et réfugiés.