Takdjout, SG de l’UGTA, veut lier revalorisation salariale et performance économique

Le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Amar Takdjout, salue les augmentations de salaires décidées par le président de la République, tout en invitant les entreprises du secteur économique à engager un dialogue interne sur la revalorisation salariale, en fonction de leurs capacités financières. Il annonce, par ailleurs, la tenue prochaine d’une rencontre avec la Confédération des employeurs pour examiner la possibilité d’organiser une nouvelle tripartite.

Le patron de la centrale syndicale a exprimé son soutien aux récentes décisions présidentielles portant revalorisation des salaires et amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs et des retraités, y voyant un geste fort en faveur du maintien du caractère social de l’État. En parallèle, il plaide pour que les entreprises publiques et privées du secteur économique ouvrent des négociations avec leurs représentants syndicaux afin d’évaluer la santé financière des structures et, le cas échéant, envisager des augmentations salariales.

Takdjout a révélé, dans un entretien à El Khabar, la tenue avant la fin de l’année d’un rendez-vous bilatéral entre l’UGTA et la Confédération des patrons, qui devra déboucher sur une évaluation de la situation socio-économique nationale et déterminer la pertinence d’une éventuelle tripartite.

Sur le plan interne, le secrétaire général a détaillé les graves dysfonctionnements découverts au sein de la centrale syndicale avant son élection : 38 unions de wilayas et 18 fédérations nationales fonctionnaient hors du cadre statutaire, avec l’absence de documents comptables, des dépenses injustifiées et une dette globale de plus de 220 millions de dinars. Il affirme avoir saisi la justice et lancé une opération de redressement et de moralisation, marquée par le renouvellement complet des structures et l’application stricte du code syndical.

Takdjout admet avoir rencontré des résistances internes, dénonçant des pratiques « parasitaires » contraires à l’éthique syndicale. Il insiste sur la nécessité de restaurer la légitimité, la transparence et la crédibilité du mouvement syndical, dans le respect de la loi 23/02 régissant la vie interne de l’UGTA.

Concernant le dialogue social, il déplore le manque d’ouverture de certaines administrations et ministères, malgré les orientations présidentielles favorisant la concertation avec les partenaires sociaux. « Il est inacceptable que certains responsables s’abstiennent de dialoguer avec les syndicats », a-t-il affirmé, appelant à « ne pas se montrer avare en dialogue » pour renforcer la cohésion et la confiance.

S’agissant du secteur économique, Takdjout rappelle que les hausses de salaires relèvent de négociations collectives et dépendent des performances financières des entreprises. Il rejette toute idée d’un soutien étatique direct, estimant que ces entités doivent être génératrices de richesse et non dépendantes du Trésor public.

Le SG de l’UGTA s’est également exprimé sur la situation des corps communs, reconnaissant un retard dans la révision de leurs grilles salariales, qu’il impute à des facteurs techniques ou juridiques. Il s’est engagé à œuvrer pour corriger les disparités et garantir une équité de traitement entre travailleurs de différents secteurs.

Enfin, Takdjout a réaffirmé le soutien de la centrale au processus de numérisation engagé par le président Tebboune, estimant que la digitalisation est un instrument de transparence et de bonne gouvernance. Il reconnaît toutefois l’existence de résistances à ce chantier stratégique, appelant toutes les institutions à « lever les blocages » et à accompagner la réforme avec responsabilité et conviction.