Le ministère des Affaires étrangères a réagi ce mercredi au communiqué publié la veille par l’ambassde de France à Alger, annonçant la réduction de ses services consulaires en Algérie. Les autorités algériennes ont jugé « inacceptable » ce communiqué et dénoncé un manquement aux usages diplomatiques et rappellent le principe de réciprocité appliqué dans ce dossier.
En effet, le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger a été convoqué ce 27 août au siège du ministère des Affaires Étrangères par le Directeur Général du Protocole. « Cette convocation intervient suite au communiqué rendu public par la représentation diplomatique française au sujet de l’accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie », indique le MAE dans un communiqué.
« L’attention du diplomate français a été fermement attirée sur le grave manquement aux usages diplomatiques, les plus solidement établis, qui caractérise ledit communiqué », indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Communiqué jugé « inacceptable »
Le Directeur Général du Protocole du MAE lui a dit « que par sa forme autant que par son fond, ce communiqué était inacceptable en ce qu’il contenait une présentation tendancieuse des faits et qu’il s’adressait directement à l’opinion publique algérienne pour incriminer devant elle une prétendue responsabilité exclusive et entière du Ministère des Affaires Étrangères dans la non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie. »
Du point de vue de la forme, précise le MAE, « cette manière d’agir de l’Ambassade n’est pas tolérable, en ce qu’elle viole l’esprit et la lettre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961. » Du point de vue du fond, le ministère indique qu’il a été rappelé au diplomate français « qu’il était personnellement le mieux informé des tenants et aboutissants de cette situation. »
En effet, enchaîne le ministère, la non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie « est intervenue bien après une décision française similaire » et « après épuisement, à l’initiative de la partie algérienne, de toutes les possibilités de règlement de ce différend à la satisfaction des deux pays. » « Il s’agissait là, ni plus ni moins, que de l’application stricte du principe de réciprocité », souligne le MAE.
Alger pointe la responsabilité de Paris
« C’est le gouvernement français qui a été à l’origine, depuis plus de deux ans, du refus d’accréditation de Chefs de Poste et d’agents consulaires algériens en France », rappelle le MAE. En conséquence de cette situation, fait-t-il savoir, « trois Consuls Généraux et six Consuls algériens n’ont pas reçu leurs accréditations sollicitées depuis plus de six mois. » « De même, quarante-six agents diplomatiques et consulaires algériens n’ont pu rejoindre leur lieu d’affectation en France du fait du silence observé par la partie française quant à leurs demandes d’accréditation », révèle encore la même source.
« Cette situation créée, de manière délibérée et calculée, par les autorités françaises lèse gravement les ressortissants algériens établis en France dans la double mesure où elle impacte les prestations consulaires à leur bénéfice et affecte la qualité de la protection consulaire qui leur est due », dénonce le MAE.
La France accusée de « chantage aux visas »
En conclusion, il a été « fortement » souligné à l’attention du diplomate français « qu’il est lui-même conscient de ce que la problématique des visas n’est pas limitativement liée à la question des accréditations » et « qu’il est de notoriété publique que son gouvernement a érigé cette problématique en levier central du bras de fer qu’il veut imposer à l’Algérie. »
Le ministère des Affaires Étrangères observe que « le chantage aux visas continue de la part du gouvernement français. » Selon le MAE : « La première phase de ce chantage s’est achevée avec la dénonciation par l’Algérie de l’Accord algéro-français de 2013 sur l’exemption réciproque de visas aux détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Aujourd’hui, les autorités françaises ouvrent une seconde phase qui concerne les passeports ordinaires qu’elles entendent gérer par le chantage, le marchandage et l’intimidation. »