Le débat sur l’élaboration d’une loi criminalisant le colonialisme français revient en Algérie. Cette question refait surface dans un contexte de tensions diplomatiques entre Alger et Paris.
Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Ibrahim Boughali, a évoqué cette possibilité lors d’une interview à la chaîne Echorouk News, diffusée mercredi 29 janvier 2025. Il a laissé entendre que l’APN pourrait désormais examiner et adopter une telle loi.
L’idée d’un texte criminalisant le colonialisme remonte à 2005. Cette proposition était une réaction à la loi française du 23 février 2005, qui mettait en avant les aspects positifs de la présence coloniale. L’un de ses articles précisait que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ». Cette disposition a été abrogée en février 2006.
En 2006, des députés algériens avaient présenté un projet de loi en réponse au texte français. Toutefois, la question relevait de la politique étrangère, qui, comme l’a rappelé Ibrahim Boughali, « est du ressort du président de la République (…) Nous avons des espaces de diplomatie parlementaire, mais nous restons dans le cadre général de l’orientation de l’État algérien ».
En 2021, une nouvelle tentative avait été lancée par des députés, mais le projet n’avait pas abouti. Aujourd’hui, dans un contexte de tensions entre Alger et Paris, Ibrahim Boughali estime que le moment est venu de relancer le sujet.
« Nous assistons à des attaques répétées, qui ne cessent pas et qui visent à ternir l’image et la réputation de l’Algérie. Je pense que le temps est venu de remettre ce dossier sur la table et qu’il prenne son parcours naturel », a-t-il déclaré. Il a ajouté : « Nous ne devons plus rester dans une posture défensive, le temps est venu pour que, nous aussi, nous attaquons. Nous avons nos cartes et toutes les preuves qu’il faut pour défendre l’image de l’Algérie ».
Le président de l’APN considère que « les circonstances nous obligent à mettre ce dossier sur la table ». Il a affirmé que « l’ennemi d’hier croit que l’Algérie est toujours une colonie » et que « ils ne supportent pas cette politique d’égal à égal. Ils n’acceptent pas les réalisations de l’Algérie en économie, en politique et dans divers domaines. Leurs parts et leurs intérêts ont rétréci et c’est ce qu’ils ne veulent pas ».
Ibrahim Boughali a insisté sur l’indépendance des décisions algériennes en soulignant que « personne ne peut nous dicter un modèle à suivre ». Il a également précisé que si le projet de loi venait à être adopté, « ce sera au nom du peuple algérien, pas au nom d’un groupe parlementaire ».
L’officialisation de cette initiative pourrait intervenir dans les prochains jours. Le 13 février prochain, une journée d’étude sur les essais nucléaires français en Algérie, organisée par l’APN à Adrar, pourrait être l’occasion d’annoncer l’enrôlement du projet de loi. Une réunion préparatoire présidée par Ibrahim Boughali s’est tenue récemment à ce sujet.