Le géo-politologue Arslan Chikhaoui estime que l’expression « Âge d’or de l’Amérique », prononcée par le 47e président américain Donald Trump lors de son investiture lundi 20 janvier, constitue le mot clé et le message principal de son discours.
Intervenant ce mardi sur les ondes de la radio Chaîne 3, l’expert en relations internationales a ajouté qu’« il faut prendre ce mot au sens large du terme ». Selon lui, « c’est mettre le curseur sur l’économie, sur le Business, sur les affaires, et les valeurs et les repères de la société américaines ». Il précise que Donald Trump « en fait référence pour transformer les Etats-Unis (…) L’âge d’or pour Trump est de revenir aux repères culturels et cultuels d’antan des USA ».
Sur la question de l’immigration, il explique que « l’âge d’or est aussi lié au confort des Américains, qu’il a promis à ses concitoyens », en mettant l’accent sur les questions internes. Il indique que le président a « décrété l’état d’urgence au sud et promis de déporter tous les clandestins dans leurs pays d’origine ».
Toujours sur cette question, M. Chikhaoui estime que « Trump s’est engagé, sans le dire, à mettre un ensemble de règles permettant, non une intégration mais des règles pour une émigration sélective ». Il précise que « 20% de la masse d’émigrés clandestins, rappelle-t-il, seront expulsés et c’est déjà énorme comme chiffre (…) Il tient promesse non dans les 100 premiers jours mais dans les 100 premières heures. L’état d’urgence est décrété donc à la première heure de son investiture, pour qu’il n’y ait pas de turbulences à l’intérieur du pays ».
Sur le plan économique, l’intervenant explique que « Trump va remonter toutes les pistes où s’y trouve son rival économique », en citant l’exemple du contrôle du Canal de Panama. « Ce n’est pas tant s’en approprier mais négocier le contrôle de cet espace, entre autres routes maritimes de passage de marchandises, et c’est la raison pour laquelle il met la barre haute », développe-t-il. Il ajoute que « l’un des paramètres de la politique économique de Donald Trump est le contrôle de ces points de passage ».
Arslan Chikhaoui affirme que Trump cherche à « négocier les accords contractés avec le Panama. Ça sera le cas pour le détroit d’Adan, les passages en Afrique tout comme le Groenland qui est aussi un passage important pour l’Américain ».
Sur le plan stratégique, l’intervenant considère que « nous ne sommes plus dans la logique de guerre économique. Ce n’est pas une logique de l’homme d’affaires qu’incarne Donald Trump, mais dans la logique de conquérir et de convaincre ». Il estime que la rivalité avec la Chine « va se transformer en coopération », citant la présence du vice-président chinois à la cérémonie d’investiture comme « un message clair ».
Concernant l’Afrique, il indique que « Trump va déléguer cette mission à l’US Africom », tout en mettant l’accent sur les ressources naturelles. « Il va s’occuper de concrétiser l’âge d’or en s’occupant depuis la Maison Blanche de tout ce qui a trait aux ressources naturelles, gazière, pétrolière et minérale dans ce continent », précise-t-il.
Sur le Moyen-Orient, il mentionne que « la clé est la situation en Cisjordanie » et que plusieurs options sont envisagées, dont « stopper l’extension de l’Iran et reconstruire Ghaza dévastée ». Il indique que « cet énorme chantier profitera immanquablement aux sociétés immobilières américaines qui vont amasser les 47 milliards de dollars que l’Arabie Saoudite va payer ».
En ce qui concerne l’Europe, il estime que « Trump est en train de profiter de la crise politico-économique et de valeurs dans le vieux continent ». Il pense que la Pologne pourrait devenir un acteur clé en Europe et que « la délocalisation de certaines industries d’automobiles de la Chine pour se réinvestir aux Etats-Unis devra constituer un sérieux concurrent à l’Allemagne et à la France ».
Enfin, sur la Russie, il prévoit que Trump va « activer l’accord de MINSK 2 avec le pays de Poutine qui a gagné la guerre d’Ukraine ».